La France va enfin passer à la retenue à la source de l'impôt sur le revenu. Le salaire net des salariés va donc être visuellement modifié, leur revenu net va demeurer inchangé. Faut-il donc alors se mettre à négocier son salaire en "net" comme on le fait dans beaucoup de pays où la retenue à la source est pratiquée ? (Japon, Maroc, Grande Bretagne).
Les éléments de différence entre le salaire brut et le salaire net
Les retenues sur le salaire brut sont les cotisations sociales et retraite obligatoire, les cotisations correspondant à des avantages supplémentaires offerts par l'entreprise (mutuelle, par exemple) et enfin, à partir du 1° janvier 2018, l'impôt sur le revenu.
Par ailleurs, les avantages en nature, eux, viennent en plus du salaire "brut netté".
Salarié et employeur n'ont aucune maîtrise sur le premier type de retenu. Sur le second, il s'agit en général d'accords d'entreprise, dans certains cas (salariés expatriés, par exemple, ou cadres dirigeants), il peut s'agir d'avantages individuels.
Pour les avantages en nature, certains sont des éléments de la négociation salariale (voiture, par exemple). D'autres relèvent de l'application mécanique de la loi (frais de déplacement et de restauration au delà d'un certain niveau). Il faut donc faire la différence entre ce qui doit être négocié, et ce qui n'a pas lieu de l'être.
Enfin, en ce qui concerne l'impôt sur le revenu, étant donné que la France pratique encore une imposition au niveau du foyer fiscal, il ne dépend ni du salaire, ni même du revenu global de la personne (en incluant les revenus mobiliers), mais il prend en compte le salaire du conjoint et les déductions pour personne à charge. Raisonner en net ici n'a aucun sens, puisque la différence entre brut et net pourra fortement varier entre deux personnes, uniquement en fonction de leur situation familiale.
Négocier un revenu brut avec des éléments supplémentaires
On s'aperçoit que les pays où la négociation en net s'est imposée sont justement ceux où l'imposition est liée à la personne et non pas au foyer fiscal.
Il n'y a donc pas lieu de modifier ce qui se faisait jusqu'à maintenant avec la mise en place du prélèvement à la source. Plus le salaire est élevé, plus il contient une part variable (commerciaux et dirigeants), plus on aura tendance à négocier en brut, et même en brut annuel. Les avantages en nature sont alors valorisés. En ce qui concerne les avantages "entreprises", comme les mutuelles, elles ne sont pas réintégrées au salaire, mais la qualité de la prestation proposée est évaluée. (Sachant que ces éléments additionnels ne seront jamais les éléments essentiels dans une prise de décision).
Par contre, pour les petits salaires, ceux des personnes qui ont du mal à boucler leurs fins de mois, pouvoir négocier en net et savoir à l'avance combien on va toucher exactement peut être un avantage.